mardi 28 octobre 2025
Disparition
En allant ce matin sur
comme je le faisais de temps en temps, j’ai lu:
We are so sorry to report that Brian Patten sadly died just a few days ago.
Cela m’a beaucoup affecté.
Sur cette première page de son site on peut lire aussi :
Patten ‘gave up the day job’ at 18 and for a while lived rough in Paris,
C’est là que je l’avais connu,…J’ai raconté cela dans mon “Itinéraire”, pp. 166-167, aux vers 4505-4574)
Mais j’ai voulu le dire en vers encore, avec le recul…
In Memoriam Brian Patten
Je suis le rescapé d’une époque lointaine,
Où nous étions tous deux poètes faméliques ;
Je l’avais rencontré sur les quais de la Seine,
Où il était venu échouer, pathétique.
Nous avons quelque temps échangé nos poèmes
Essayant de les vendre aux touristes rieurs
Et les lisant ensemble, jouant les bohèmes,
Dans la petite librairie des grands auteurs.
Mais à la fin chacun a repris son chemin :
Il a continué, vivant de ci, de ça,
Et moi en travaillant, enseignant aux gamins,
Avec femme et enfants, je ne l’oubliais pas.
Nous avons échangé parfois quelques missives
Mais il fut bien longtemps sans pouvoir me répondre
Ayant plongé très bas dans la sombre dérive
Où l’avait amené son dur retour à Londres.
Après bien des années, soudain il m’écrivit :
Il avait renoué, en meilleure santé,
Des gens de Liverpool, poètes comme lui
Et il avait acquis quelque notoriété…
J’admirai qu’il ait pu échapper au naufrage,
Et qu’il ait pu trouver à se faire éditer !
Il avait, lui, au moins, publié des ouvrages,
Où je le retrouvais, mais en maturité.
Nous sommes convenus d’avoir une entrevue.
Il n’avait pas voulu venir jusqu’à Pernon
Ne parlant pas français, mais ma déconvenue
Céda du fait qu’à Londres nous le reverrions.
Ce fut très chaleureux, dans un “Club” invités,
Grâce à Mireille qui, souvent me traduisait,
Mais j’ai vite senti qu’il avait bien changé,
Et que nous n’avions plus les mêmes intérêts
Pour les mêmes auteurs ; il avait maintenant
Un rôle où se tenir, pour avoir ses entrées
Dans le milieu où il allait lire souvent
Ses poèmes – et écrivait pour les enfants…
Nous nous sommes quittés après des accolades,
Et sa femme enjouée, étant son “attachée”,
Promit d’intervenir, en guise d’ambassade,
Auprès de son Grand Homme pour nous rencontrer…
Mais je n’ai jamais plus eu le moindre courrier.
Et comment ne pas penser aux vers de Rutebeuf ? (Je traduis)
Que sont mes amis devenus,
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés ?
Je crois qu’ils sont bien clair semés,
Et le vent me les a ôtés…
(in “La complainte de Rutebeuf de son oeul”)